02 juillet 2010

Mondial 2010: Un monde du football à deux vitesses

Deux jours après les matchs Allemagne-Angleterre et Argentine-Mexique, marqués par deux fautes grossières d'arbitrage, Joseph Blatter, président de la FIFA a présenté, le 29 juin, ses excuses. "J'ai exprimé mes excuses aux deux délégations directement concernées. Je comprends qu'ils ne soient pas contents. Les Anglais m'ont dit merci, les Mexicains ont baissé la tête", a précisé le patron de la FIFA. Il a assuré que la Fédération internationale allait à nouveau se pencher sur la question de l'arbitrage vidéo. Cette rapidité dans la réaction du patron de la FIFA constitue une nouvelle illustration de la politique du deux poids deux mesures pratiquée par l'instance internationale.
Quand il s'agit de l'Europe, les réactions sont immédiates et les sanctions à l'encontre des fautifs sont souvent lourdes. Les deux arbitres des matchs Allemagne-Angleterre et Argentine-Mexique devraient ainsi voir leur carrière internationale interrompue à cause de leurs erreurs d'appréciation qui n'ont pourtant eu qu'un impact théorique sur les matches concernés. Curieusement, dans ses excuses, M. Blatter a oublié d'évoquer une autre erreur d'arbitrage : celle du match Brésil-Côte d'Ivoire, lors de la phase de poules de la compétition. Le deuxième but du Brésil a été inscrit grâce à un contrôle de la main du Brésilien Fabiano dans la surface de réparation ivoirienne. Un but qui a, comme pour l'Angleterre et le Mexique, modifié le cours du match et défavorisé la Côte d'Ivoire. Pour Joseph Blatter, les Africains ne méritent-ils pas des excuses ?
Autre illustration de cette politique du deux poids deux mesures du patron de la FIFA, les incidents du Caire avant et pendant le match entre l'Egypte et l'Algérie qualificatif pour ce Mondial 2010. Malgré la violence des incidents provoqués par les supporters égyptiens, Joseph Blatter ne s'est à aucun moment prononcé sur cette affaire qui concerne pourtant directement la FIFA étant donné que l'organisation des qualifications pour le Mondial est de sa responsabilité. La FIFA a même attendu six mois pour prononcer de timides sanctions contre la fédération égyptienne. En Europe, pour des actes nettement moins violents que ceux qui se sont produits au Caire, des clubs ont été lourdement sanctionnés. On se souvient notamment de la sanction infligée en 2007 au club italien de Catane, contraint à jouer plus de la moitié du championnat à l'extérieur. Cette sanction est intervenue après des incidents impliquant les supporters de ce club du sud de l'Italie.
Cette fermeté a d'ailleurs contribué grandement à l'élimination du phénomène du hooliganisme. Aujourd'hui, les stades européens sont devenus de véritables lieux de spectacles au même titre que le théâtre, l'opéra ou le cinéma. Les familles peuvent s'y rendre pour regarder un match dans un climat de sécurité totale. En Afrique, le football continue d'être étroitement lié à la violence. Chaque week-end, des milliers de supporters s'affrontent à la sortie des stades un peu partout dans les pays du continent. Les rencontres importantes donnent lieu à des échanges violents par médias interposés puis dans la rue. Pour la FIFA et son patron, il y a deux mondes différents dans le football. Et ce n'est pas le choix de l'Afrique du Sud qui démentira ceux qui accusent la FIFA et son président de traiter différemment les Africains.AFP

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