11 mai 2010

Nordine Korichi: "L’Algérie sort du tunnel, elle pourrait y retourner… "

Nordine Kourichi, ancien international algérien, décrypte les dessous du retour de l’équipe nationale d’Algérie en Coupe du monde, après vingt-quatre ans années d’absence.


Que vous inspire l’actuelle génération de footballeurs algériens, qui vingt-quatre ans après, a réussi à enfin qualifier de nouveau l’Algérie pour une Coupe du monde 
de football  ?
Nordine Kourichi: Pour moi, cette nouvelle génération de joueurs a la chance d’avoir bénéficié, pour beaucoup d’entre eux, de la formation française, qui en matière de football est l’une des meilleures et des plus rigoureuses. Et puis, c’est une grande richesse pour cette équipe d’avoir deux cultures, de jouer pour les couleurs de leurs parents. Ils font ce que j’ai fait, moi,
il y a quelques années, puisque je suis né à Ostricourt dans le Nord, où mon père était venu travailler à la mine, avant de rejoindre les usines automobiles de Poissy en banlieue parisienne.
Sur le terrain, on est en tout cas loin du football flamboyant de l’équipe d’Algérie 
des années 1980…
N.K :Oui, parce que les joueurs actuels ont, pour la plupart, un comportement de joueurs européens et sont beaucoup moins techniques que ne l’étaient la génération des Rabah Madjer, Salah Assad ou Lakhdar Belloumi qui nous a régalés, dans les années 1980, avec sa folie et son panache. En revanche, la nouvelle génération algérienne compense par des qualités qui sont essentielles dans le football moderne  : la rigueur défensive, la puissance athlétique et une immense culture de la gagne.
Mais, si on fait le compte, 
en dehors des gardiens de but, l’équipe présélectionnée pour la Coupe du monde ne compte qu’un seul joueur évoluant en Algérie, ce n’est pas très rassurant sur l’état du football algérien…
N.K: Le problème, c’est que le football algérien est aujourd’hui essentiellement axé sur une politique élitiste. On ne travaille pas assez avec la masse. Il y a aujourd’hui 35 millions d’Algériens et peut-être 200 000 footballeurs qui jouent dans les clubs, ce n’est pas suffisant. Tant que les clubs ne sèmeront pas pour récolter, tant qu’ils ne se seront pas structurés et qu’ils n’auront pas une politique de formation plus solide, le football algérien de haut niveau devra continuer de se reposer sur une élite issue de l’immigration.
Concrètement, comment 
s’y prendre pour réorganiser tout un sport  ?
N.K:En Algérie, la clé du problème ne tourne pas autour de l’argent, 
ni des moyens… Ce sont surtout les compétences qui nous font défaut. Nous n’avons pas assez de formateurs et de cadres techniques de bon niveau. 
Après, il faudrait par exemple mettre en place un calendrier de compétitions plus structuré. Avec cette qualification pour 
la prochaine Coupe du monde en Afrique du Sud, 
le football algérien sort 
d’un tunnel, mais il pourrait bien y retourner s’il ne 
se structure pas mieux… (F.S  In L'Humanité)

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